Où poussent les truffes en France ?
À la découverte des terroirs trufficoles français ? Explorons les terres du sud!
Lorsqu’on s’interroge sur les terroirs trufficoles français, encore faut-il préciser de quelle variété de truffe nous voulons parler. Notre tour d’horizon des terres truffières françaises va se focaliser sur la culture de la Tuber Melanosporum. Historiquement celle-ci était plutôt localisée dans le sud de notre beau pays . Mais progressivement, avec les impacts du changement climatique, les progrès de la science et la passion d’une nouvelle génération de trufficulteurs, la culture de la truffe s’est étendue vers des territoires nouveaux.
C’est pourquoi aujourd’hui nous voyons une progression forte des cultures truffières dans des régions comme par exemple la Sologne ou encore la Touraine.
Mais, ces terres n’étaient-elles pas déjà historiquement des terres truffières? Nous allons essayer de faire un point sur ces évolutions?
Historiquement on recensait en France une production truffière dans des régions situées en deçà du 45 ème parallèle. Ainsi, le Périgord, la Dordogne, et les régions du Sud Est de la France étaient les plus favorables à la culture de la truffe. Cette qualification était toute naturelle sachant que c’était dans ces contrées que le cavage des truffes sauvages était le plus prolixe. Ces terroirs rencontraient donc naturellement les exigences de la culture truffière.
En résumé très succinct, les truffes aiment :
- un PH entre 7,5 et 8,5 idéalement à 8,
- une teneur importante en calcium,
- des sols souples, peu profonds et bien drainés,
- une teneur en calcaire totale minimale de 8%
- des terrains situés idéalement entre 200 et 400 mètres d’altitude
Mais tout cela est bien théorique et contredit aujourd’hui par bien des exceptions… nous y reviendrons. Ce qui est beaucoup moins théorique et bien plus triste est la quasi disparition des truffières sauvages. Les changements climatiques, les errances dans l’entretient de nos forêts et surtout dans l’entretient des lisières, la prolifération des sangliers, ainsi que la drastique diminution du pastoralisme sont les principales causes de la quasi disparition de la tuber melanosporum à l’état sauvage. Ce qui rend une relance de la culture truffière encore plus nécessaire voire urgente.
En deçà du 45ème parallèle...
La nouvelle Aquitaine, l'Occitanie et la région Sud sont le principaux terroirs historiques de truffes...
La nouvelle Aquitaine, l’Occitanie et la région Sud sont les principaux terroirs historiques de truffes qui ont vu, voilà 150 ans, éclore les premières initiatives de cultures trufficoles. Ainsi leur production, au début des années 1900 représentait plus de 90 % de la production totale française. Trois quart de la production était même concentrée sur seulement 5 départements: Drôme, Dordogne, Lot, Vaucluse et Alpes de Haute Provence.
Néanmoins c’est aussi dans ces régions que le déclin observé le siècle dernier à été le plus sévère. Déclin qui se matérialise par une production maximale début des années 2000 de 50T/an contre 1.350 T/an fin du 19ème. Fort heureusement depuis le début du 21ème siècle les différentes mesures d’accompagnement initiées par les syndicats de trufficulteurs (FFT) en collaboration avec les pouvoirs publics et le monde scientifique (INRAE), mais surtout, encore et toujours, la passion des trufficulteurs ont permis d’inverser la tendance. Car aujourd’hui on replante autour de 1000 Ha par an et pas seulement dans les terroirs historiques.
Les "nouveaux" territoires!
Nous utilisons ici les guillemets car en centre-ouest on relevait au 19ème siècle déjà autour de 6 % de la production annuelle française.
Mais cette production provenait principalement du milieu naturel et non des cultures.
En toute état de causes bien d’autres régions que celles du Sud sont aujourd’hui affiliées au syndicat national des trufficulteurs et ce sans compter certaines initiatives dans des territoires ultra confidentiels étonnants.
Au delà de celles que nous avons déjà abordées ci dessus, sont représentées à la Fédération Française des Trufficulteurs (FFT) le Centre Val de Loire, l’Auvergne Rhône Alpes, la Bourgogne Franche-Comté et le Grand-Est. Toutefois, on trouve quelques sites de production plus ou moins confidentiels en Ile de France, les Hauts de France, la Normandie et les Pays de Loire. Néanmoins en ce qui concerne la mélanosporum, on la trouvera difficilement au delà du 46ème parallèle.
Quels sont les terroirs trufficoles français? Ils sont en tout cas bien plus variés qu'on pourrait croire...
Les évolutions climatiques ont sans aucun doute été néfastes au développement de la culture de la truffe dans les régions du sud. Cependant elles ont également permis d’envisager aujourd’hui la culture de la truffe dans des contrées plus nordiques. Certes les exigences en matière de composition du sol n’ont évidemment pas changé. Par contre le réchauffement des hivers avec une évolution favorable de la pluviométrie ont ouvert de nouveaux champs géographiques à la culture de la tuber mélanosporum.
Si l’on rajoute à cela l’évolution de la science et le développement des itinéraires techniques, on peut espérer que la plantation de quelques 300.000 chênes mycorhizés par an va encore s’accélérer et ainsi permettre de dépasser largement les 1000 ha de nouvelles terres truffières par an.
Il y aurait encore bien des choses à dire sur nos terroirs et la truffe tuber melanosporum ainsi que ses “soeurs” qui méritent autant la passion que nous sommes nombreux à partager. Avec l’arrivée des chênes mycorhizés tuber magnatum dans nos truffières, gageons que la dynamique en cours permettra d’envisager un avenir radieux pour la culture trufficole française.
Christoph Langer
@lescaveurs • Sourcing, Recherche & Développement
Le néo-expert : passionné par la truffe en général et la truffe française en particulier, ses terroirs, son univers, sa préservation et son potentiel